L’EXTRAORDINAIRE HISTOIRE DE LOUIS LE GALOUP PAR JEAN-LUC MARCASTEL

L’extraordinaire histoire du Galoup ou  Il faut croire en ses rêves. 

Il était une fois, il y a 21 ans de cela, un jeune Papa, qui, depuis ses 9 ans, rêvait de devenir auteur. 

Ayant écrit un certain nombre de romans, et considérant que certains d’entre eux n’étaient pas plus mauvais que d’autres qu’il avait lus, il s’était piqué, depuis ses 17 ans, d’envoyer ses manuscrits à des éditeurs. 

Las ! Il n’avait reçu, comme réponse à ses envois successifs, que la sempiternelle lettre de refus que tout auteur a au moins une fois reçu dans sa vie : 

« Monsieur, merci de nous avoir adressé votre manuscrit. Nous sommes hélas au regret de vous dire qu’il ne rentre pas dans les cadres de nos collections… Bla… Bla… Bla… Changez le titre et l’en tête... » 

En 2000 il avait reçu un coup de fil d’un éditeur de fantasy réputé pour un de ses romans « Chant de Neige et de Sang » mais, orgueil mal placé ou intégrité, il n’avait pas réussi à s’entendre avec ledit éditeur, car ce dernier voulait lui faire changer toute la fin de son roman (qui reste encore inédit à ce jour). 

Devenu Papa cette même année 2000, j’avais (car vous l’avez compris, il s’agissait de moi) fini par me dire qu’il fallait peut être que je devienne adulte, que je renonce à ce rêve déraisonnable, que je range stylo, crayon et clavier et me consacre à une carrière d’enseignant… un « vrai métier », donc.

Pour tout dire, j’avais l’impression que tout ce que je faisais, écrivais et dessinais ne valait rien et j’entrais, il faut bien l’avouer, dans une sorte de dépression. 

Et c’est là, au plus bas, tout au fond, que l’idée a jailli… 

Non ! Je n’allais pas renoncer, ou du moins pas sans avoir écrit une histoire, une histoire différente de toutes celles que j’avais écrites avant (qui étaient toutes très adultes, très noires et tourmentées) mais au contraire une histoire positive, une histoire pour mon fils et pour ma femme, une histoire pour dire à mon enfant, à travers des mots simples, mais non simplistes et une aventure, des choses essentielles qu’il me semblait avoir comprises de la vie, mais aussi des valeurs positives, et un message d’amour. 

Un de mes lecteurs m’a dit un jour que c’était le Galoup qui l’avait sorti de sa dépression. J’en ai été très touché, et plus encore car, croyez-le ou pas, le premier que cette histoire a sorti d’une dépression, qu’elle a guéri… c’était moi. 

Une fois écrite pour mon fils, cette histoire, j’ai eu envie de la partager avec d’autres, et, comme pour mes précédents romans, j’ai décidé de l’envoyer à des éditeurs… à commencer par la prestigieuse maison Gallimard. 

Et Gallimard m’a répondu ! J’ai reçu un coup de téléphone (ce qui est toujours bon signe, tout auteur vous le dira). Le manuscrit avait été lu, leur avait plu. Il devait passer en comité de lecture dans deux semaines. 

La personne qui m’avait appelé était confiante… mais sa confiance n’a pas suffi. 

Le jour dit, il m’appelait pour me dire que ça avait coincé à une voix au comité de lecture. Une personne influente avait fait barrage et une autre qui avait beaucoup aimé le livre n’était pas présente ce jour-là… pas de chance. 

Zim ! Boum ! 

Après l’euphorie qui avait précédé, je retombais sur mon derrière. 

Mais malgré tout, je gardais le positif de cette aventure. Si mon Galoup était monté en comité de lecture chez Gallimard, et même si, au final, il n’avait pas été retenu, c’était quand même peut-être parce que mon livre valait quelque chose. 

Je reprenais donc mon manuscrit, le retravaillais encore et l’envoyais à d’autres éditeurs… 

Et là… déception… Chacun me répondait par la négative. Le Galoup était trop ci, ou pas assez ça… Qu’est-ce que c’est ? Du terroir ? Non. De la Fantasy ? Pas tout à fait… Quoi ? Il y a des recettes aussi ? 

Je finissais par désespérer… Jusqu’au jour où, en vacances à Gange, dans l’Hérault, je demandais conseil au petit libraire de la ville qui me parla d’un éditeur avec lequel il travaillait « Les 3 Épis » un éditeur situé à Brive, pas très loin de chez moi, qui publiait essentiellement du terroir, mais qui essayait ces temps-ci de se diversifier… 

Je ne connaissais pas cet éditeur, mais je décidais de tenter ma chance. N’ayant rien à perdre, j’envoyais donc le Galoup aux 3 Épis… Et là, quelques mois plus tard, je recevais un coup de fil de Mr Laurent Gazeau, patron des 3 Épis (la plus grande librairie de Brive, et la cinquième de France à cette époque, qui se trouvait aussi être éditeur et diffuseur auprès de 500 points de vente) qui me dit être intéressé par le Galoup.

Nous avons convenu d’un rendez-vous, et je vins donc le retrouver à Brive dans ses bureaux : 

« Ce n’est pas ce que j’ai l’habitude d’éditer… » me confia-t-il « …mais ça m’a plu. Je voudrais le publier… Vous en prévoyez combien ? » 

Je dois avouer qu’il me prenait de court. 

J’avais écrit le premier, mais je n’avais pas réfléchi du tout au nombre de suites… 

En quelque secondes, je passais en revue les lieux où je voulais que se déroule l’action et répondais : 

« Cinq ! » 

« Très bien. » Me répondit-il. « Allons pour cinq. » 

Et l’aventure commença là. 

Quelques mois plus tard, avec une émotion que je serais bien en peine de décrire, je tenais dans mes mains mon premier roman publié : Louis le Galoup tome 1, Le village au bout du Monde.

Louis le Galoup tome 1, Le village au bout du Monde

 

Et comme je suis également dessinateur, et que je voulais que la couverture soit vraiment telle que je la désirais, je la dessinais moi-même. 

J’avais attendu plus de 20 ans pour voir ce rêve se réaliser. 

Dans les deux années qui suivirent, dans une sorte d’euphorie, comme porté par un souffle, une verve venue d’ailleurs, avec l’influence de mon maitre à penser, Claude Seignolle, j’écrivais les quatre tomes suivants du Galoup et commençais ma carrière d’auteur, sur des petits salons du livre (le premier, à Chamboulive, en Corrèze, m’a laissé un souvenir impérissable, car, par suite d’une erreur de livraison, je n’avais qu’un seul livre…) puis la Foire du livre de Brive, premières armes véritables, entre Jean-Claude Mourlevat et Lorris Murail… 

C’est à cette période que mon amie Sandrine Lebreton, libraire de son état à Aurillac, me suggéra, comme je dessinais, de créer un sceau, et comme elle vendait du matériel pour l’embossage… L’idée me parut excellente, et je créais le sceau du Galoup que vous connaissez aujourd’hui, et les bases de la dédicastel que je ne cesse de perfectionner depuis, car, pour moi, une dédicace est déjà une invitation au rêve, et une preuve, d’une part, de l’affection que l’auteur porte à ses lecteurs dans le temps et l’application qu’il prend à leur dédicacer son livre, mais aussi du respect qu’il a pour son œuvre. 

Mais l’aventure du Galoup ne faisait que commencer. Les salons se succédaient et le succès du Galoup, fait, en grande partie, en dédicace, ne cessait de croitre, les retours étaient excellents, tant et si bien que mon éditeur décida de sortir les deux premiers tomes en poche… 

Le Galoup semblait bien parti pour faire une belle carrière, autant que pouvait le faire un livre publié chez un éditeur de province… et peut être même au-delà… 

Mais le sort en décida autrement... 

En 2007 les trois Épis, victimes d’un détournement de fonds énorme, cessèrent leur activité éditoriale. Le Galoup se retrouvait sans éditeur. Mr Laurent Gazeau me rendit donc mes droits. Pendant quelque temps, je diffusais donc moi-même les derniers exemplaires du Galoup restant sur les salons du livre de la région. 

Quatre tomes du Galoup avaient été publiés, le cinquième et dernier restait à paraitre… Et comme le savent mes lecteurs, j’avais laissé mes héros, à la fin du quatrième tome, en bien mauvaise posture.

Bref, je recevais, de mes lecteurs, des lettres et des mails pour réclamer la fin à cor et à cri… et le plus terrible, c’est que cette fin, je l’avais déjà écrite, elle n’attendait que d’être publiée. 

J’avais beau essayer de trouver un nouvel éditeur pour le Galoup, je recevais à nouveau les mêmes réponses qu’avant « Trop ci » « Pas assez ça » ou « Oh ! ça a déjà été publié, ça a déjà fait ses ventes » 

Mais devant l’insistance de mes lecteurs, je finis donc par me résoudre à la publier moi-même, en autoédition… Je réalisais donc la mise la page, la couverture, allais trouver un imprimeur, et en faisais imprimer mille exemplaires. 

Je les diffusais moi-même, les vendais sur des petits salons, faisais la tournée des libraires… et n’avais plus guère le temps d’écrire. 

Et je ne pouvais m’empêcher de penser que ce livre, cette histoire, n’avait pas encore donné tout son potentiel. 

Je finissais par désespérer quand… 

Mon téléphone sonna… Je me rappelle, c’était un après-midi, j’étais dans mon bureau en train de travailler sur un manuscrit. 

Je décrochais : 

C’était une dame, qui se présenta à moi sous le nom de Caroline Fel, et qui m’aborda aussitôt en me demandant : « Vous êtes bien l’auteur de Louis le Galoup ? » ce à quoi je répondis « Oui » « Voudriez-vous que votre livre soit adapté en film ou en dessin animé ». J’en restais un instant sans voix, avant de répondre que, oui, oui je voudrais que mon livre soit adapté en film ou en dessin animé… 

Alors elle m’expliqua… 

Caroline habitait Angers, mais son mari, chanteur d’opéra, Christophe Fel, était originaire de ma région, et en venant en vacances dans leur maison de campagne, près d’Aurillac, elle avait découvert la série du Galoup et l’avait adorée. 

Or il se trouvait qu’elle travaillait à Paris et faisait donc, tous les jours, l’aller-retour Angers-Paris. Dans le TGV elle avait fait la rencontre d’un jeune dessinateur, Jean-Mathias Xavier, qui travaillait lui aussi à Paris, chez KAZE, une entreprise qui importait des dessins animés japonais, et où il réalisait les bandes-annonces. 

Ils étaient devenus amis et lors d’un de leurs aller/retour, Jean-Mathias lui avait confié qu’il rêvait de réaliser un film avec des loups-garous. 

« Oh ! Mais j’ai une super histoire de loup-garou ! » lui avait répondu aussitôt Caroline qui lui avait donc raconté l’histoire de mon Galoup avec force gestes et grognements (il parait que tout le wagon en avait profité). 

Jean-Mathias, séduit par l’histoire, lui demanda si l’auteur disposait des droits du livre. Elle décida donc de m’appeler. 

Elle m’envoya des dessins que Jean-Mathias avait réalisés d’après ce qu’elle lui avait raconté que je trouvais vraiment très chouettes (elle s’est fait gronder plus tard, car Jean-Mathias, lui, ne les trouvait pas encore assez bien) et nous mis en contact tous les deux. 

Jean-Mathias vint chez moi, pour s’imprégner du Cantal et de ses paysages, de ses ambiances. Il avait lu l’histoire et l’avait adorée, et nous avons commencé à travailler sur la nouvelle version, illustrée du Galoup, celle que beaucoup d’entre vous connaissent. 

Caroline fut donc la première bonne fée du Galoup. 

Mais, avant toute chose, avant même d’envisager une possible adaptation, il fallait, pour moi, que le Galoup soit réédité. 

Or il se trouvait que Jean-Mathias connaissait un éditeur de jeux de société, Hicham Alexandre Ayoub Bedran, des éditions Matagot, qui voulait se lancer dans l’édition de livres et cherchait une série qui soit déjà terminée… 

Il lui présenta donc le Galoup et ses illustrations. Hicham lut le livre, qui lui plut beaucoup et me contacta pour que nous nous rencontrions, à Brive, qui était, pour lui, plus commode qu’Aurillac. 

Nous nous rencontrâmes au restaurant « Le Corrèze » autour de spécialités typiquement corréziennes et un excellent repas et conclûmes notre accord. Pour moi, les termes en étaient simples : je voulais que cette fois le Galoup ait une diffusion nationale, ce que m’assura Hicham qui fit très bien les choses…

C’était en 2009, six ans après sa sortie aux 3 Épis, le Galoup ressortait chez son second éditeur, avec une nouvelle couverture, plus « jeunesse ». 


La réedition du Galoup en 2009 chez Matagot
avec la couverture de Jean-Mathias Xavier.

Nous avions eu une première bonne fée, mais il y en eut une seconde… 

Ce fut Clara Dupont Monod. 

Clara Dupont Monod, autrice, nominée en 2014 au Prix Goncourt et au Prix Renaudot pour "Le Roi disait que j'étais Diable" son roman sur Aliénor d'Aquitaine, était alors journaliste à Marianne et s’occupait de la rubrique littérature. 

Honte sur nous ! Nous ne lui avions même pas envoyé le livre en service de presse, persuadés que nous étions que, noyée dans la masse de ceux qu’elle recevait chaque jour, elle ne pourrait même pas lui accorder un petit bout de colonne. 

Mais il se trouve que Gaspard, son fils, découvrit le livre en librairie, se le fit offrir par sa grand-mère, et que son père, le soir, lui en fit lecture à haute voix… Clara, entendant cela, et ayant fait des études de français ancien, passionnée de la période médiévale, fut séduite par le Galoup et contacta mon éditeur pour lui dire qu’elle allait consacrer une page entière au Galoup dans Marianne le jour de la foire du livre de Paris. 

Nous n’arrivions pas à y croire. 

Et elle tint parole. 

Le samedi, j’allais acheter Marianne au kiosque à journaux proche de l’hôtel, le parcourait et… ne trouvais pas l’article. Déçu je me disais que j’avais mal compris, mais je repris le journal, le parcourais à nouveau plus méticuleusement, et là découvris bien l’article en pleine page, comme promis, un article magnifique qui boosta les ventes du Galoup et le fit connaitre dans tout l’hexagone. 

Et au Salon du livre, Clara vint nous voir avec Gaspard. Ce fut un moment de grande émotion. 

Ce fut aussi cette fois-là que j’inaugurais pour la première fois la calligraphie médiévale que j’avais apprise exprès pour l’occasion. 

Je n’avais pas, alors, la pratique que j’en ai maintenant, et je peux vous dire que ce weekend-là à la foire du livre de Paris, après cet article, mon poignet a chauffé en maniant le stylo pour tracer mes onciales et mes carolines… 

Mais Clara ne s’en tint pas là, plus tard, elle me recontacta et consacra 5 minutes au Galoup à la Matinale de Canal + à laquelle elle participait alors. 

Ce salon du livre était le premier salon « important » auquel je participais après Brive, mais ce ne fut pas le dernier, vinrent après les Imaginales, où je me régalais tant je me sentais chez moi au milieu d’autres doux dingues dans mon genre, puis Trolls et Légendes, Colmar, La Comédie du Livre, Les Utopiales et tant d’autres… ma carrière d’auteur était vraiment lancée et le Galoup connaissait une nouvelle vie… enfin, il pouvait s’épanouir et connaitre le succès. 

Après quelque temps, constatant que le Galoup plaisait aux lecteurs de tout âge, mon éditeur et moi décidâmes de lui donner une nouvelle couverture, et, pour cela, de revenir vers ses origines, ce côté grimoire et livre de contes… Il y gagna donc cette couverture superbe avec vernis sélectif et effet cuir que vous lui connaissez maintenant pour sa quatrième édition… 

Et une édition semi-poche des tomes 1 et 2… 

Mais ce n’était pas fini. Les éditions Hachette, leur attention attirée par le succès du Galoup, s’y intéressèrent à leur tour et rachetèrent les droits poches pour l’éditer au livre de poche.

L'édition au Livre de Poche jeunesse, chez Hachette

L'édition au Livre de Poche jeunesse, chez Hachette, qui reprenait, comme couverture, le médaillon central du grand format de Matagot/Lynks. 

Pendant des années, l’aventure continua, aux quatre coins de la France et au-delà… Il y eut des moments merveilleux, tel celui ou, un dimanche, je reçus mon premier coup de téléphone de Claude Seignolle, mon maitre en écriture pour le Galoup, qui avait appris que j’avais mis une dédicace pour lui dans le second tome… Claude Seignolle, dont ma mère me lisait les histoires terrifiantes quand j’étais plus jeune… pour moi c’était… indescriptible. Une consécration, des instants magiques. 

J’écris d’autres livres et d’autres séries, bien sûr, mais le Galoup occupait et occupe toujours une place à part dans mon œuvre. Je le constate en dédicace, il attire les regards et la curiosité. son succès ne s’est jamais démenti, et son histoire, dès que je la raconte, fait luire les yeux des lecteurs… même vingt ans plus tard. 

Il y a quelque temps, quelqu’un du monde de l'édition m’a dit : « Oh ! Le Galoup c’est vieux. Ça a fait son temps ! » 

Mais combien cette personne avait tort, puisque cette année, le Galoup ressort à nouveau chez un nouvel éditeur, les éditions Leha, avec qui je suis heureux et fier de travailler.

Louis le Galoup - Éditions Leha

Ce sera donc son quatrième éditeur et sa septième édition… et peut-être pas la dernière, car nous avons plein de projets autour du Galoup et je suis sûr, encore, qu’il n’a pas donné son plein potentiel, même après plus de 60 000 exemplaires vendus. 

Parfois je me demande ce qui, dans le Galoup, le met ainsi à part de tous mes autres livres ? Qu’est-ce qui le rend ainsi indémodable ? 

Peut-être parce que, justement, il n’a jamais été « à la mode ». 

Est-ce la manière dont il est rédigé ? Cette oralité écrite que je suis allé puiser dans l’encrier de Claude Seignolle, qui fait qu’on le lit avec l’impression que le conteur est assis à côté de vous au creux de la cheminée ? Jean-Mathias à l’habitude de dire qu’on a même l’impression d’entendre craquer les buches dans l’âtre… 

Est-ce les thèmes qui sous-tendent cette histoire, des thèmes qui transcendent les générations, les genres, les âges, car ils parlent à tout le monde et touchent à l’universalité. 

Car le Galoup c’est cela aussi, une histoire qu’on peut lire à tous les âges et y trouver quelque chose de différent, qu’on n’avait pas vu, ou qu’on avait senti, mais de manière intuitive… ces choses que j’ai voulu dire à mon fils, voici des années quand j’ai écrit le premier tome de cette histoire. 

Bien des choses ont changé dans ma vie et bien des tempêtes nous ont frappés, mon fils et moi, mais ce que j’ai mis dans ce livre, quand je l’ai écrit, résonne toujours en moi. 

Il y a quelques années maintenant, ce devait être en 2017, je suis allé à la librairie Decitre Confluence, à Lyon, dans le cadre du festival des Oniriques, pour une rencontre dédicace. Nous étions quatre auteurs pour cette conférence : Erik l’Homme (que je ne connaissais pas encore), Jean-Luc Bizien, mon ami Ménéas Marphil et ma modeste personne. 

Alors que je parlais, je remarquais le regard d’une jeune femme, qui, après notre petite conférence, est venue me trouver pour me présenter les cinq tomes de la première édition du Galoup aux Trois Épis qu’elle avait eu et lu alors qu'elle avait douze ans, et, me dit-elle, qu’elle ne cessait de relire régulièrement depuis… 

Il y avait un tel éclat dans ses yeux… et cela me faisait vraiment étrange de retrouver ces éditions du début de l'aventure du galoup, comme un retour en arrière, une machine à remonter le temps. 

Nous sommes restés en contact, et aujourd’hui encore, elle m’a dit qu’elle allait relire le Galoup pour fêter sa ressortie. 

Une autre fois, sur un petit salon, une dame de 96 ans est venue me trouver. Elle avait lu le Galoup et revenait l’acheter pour l’offrir à ses enfants, et l’année suivante, est revenue me l’acheter pour ses petits-enfants… 

C’est là que je me rendis vraiment compte que j’avais écrit, avec ce livre, et sans m’en rendre compte, une œuvre particulière, qui touchait les gens au plus profond d’eux même, une œuvre qui me survivrait, et ne serait jamais démodée… car, comme me l’a confiée Claude Seignolle, mon maitre en menteries, un jour lors de ses merveilleux coups de téléphone du dimanche : " Jean-Luc nous sommes sur le registre du conte et le conte n’est jamais démodé, car il parle, au fond, de choses éternelles, qui transcendent les âges, les milieux sociaux… il parle de l’humain..." 

Dans le Galoup par exemple, de cette part d’animalité que nous avons en nous, et que nous devons apprendre à dompter, à domestiquer, pour en faire un instrument de création et non de destruction. Ce chemin, nous l’avons tous parcouru, c'est celui que nous devons tous faire pour nous accepter nous-même, accepter notre Galoup et nous ouvrir aux autres. 

C’est une pensée à la fois merveilleuse et un peu terrifiante, car je finis par craindre de n’être que l’auteur d’un livre et d’une série… 

Mais aujourd’hui, un de mes lecteurs vient de m’écrire pour me dire que son fils de 11 ans commençait le Galoup et que lui-même allait retomber dedans… 

Tous mes doutes s’effacent, et je suis heureux que Leha offre une nouvelle maison à mon Galoup et qu’il renaisse une fois encore de ses cendres. Et je peux vous le dire, avec la complicité de Jean-Mathias, de Jean-Philippe Mocci et de toute l’équipe de Leha, je suis bien sûr que le Galoup n’a pas fini de me surprendre et de vous étonner et que ses aventures ne font que commencer... 

Merci à vous tous de lui avoir ouvert vos cœurs et vos âmes, merci de lui faire si bon accueil, depuis tant d’années, et d’avoir permis à un petit garçon qui souhaitait plus que tout devenir écrivain de réaliser son rêve… 

Et à tous les jeunes écrivains en herbe qui rêvent, eux aussi, de se retrouver de l’autre côté du miroir je dis ceci : persévérez, contre vents et marées, croyez en vos rêves, quoi qu’il arrive, soyez sincères dans ce que vous écrivez, ne laissez personne ni rien vous décourager… car c’est possible… c’est possible… et ce qu’on écrit avec le cœur n’est jamais perdu. 

Jean-Luc Marcastel