Claude Seignolle : Éloge de la nymphomanie


"Sexie est telle qu'en vos désirs les plus secrets, les plus ardents, les plus subtils ; elle a les traits de celle dont vous aimeriez être l'heureux amant.
Oui, Sexie possède l'incommensurable charme, l'intime beauté, l'inévitable attirance de la baiseuse. Certains la traitent, péjorativement, de plaisir-à-tout, de nymphomane. Mais ce sont les éternels jaloux, impuissants et laissés-pour-compte de ce monde qui ne voit que mal en tout. " Sexie est une " nympho ", je vous l'accorde ! Mais sachez une chose : si par le plus grand des malentendus, vous tombez dans ses bras, vous n'en ressortirez que 476 pages plus loin...
" Cercle Poche

Je n'ai pas lu ce merveilleux texte de Claude dans cette édition... Non, c'était un livre édité chez Zulma, à la couverture austère contrastant avec le contenu... Un livre de format universitaire, presque un camouflage... Une peur de dévoiler, de déshabiller, les femmes qu'il a connues, habitait Claude Seignolle ? Cet homme au mille secrets pourtant ne laisse planer aucun doute sur la maîtrise de cette littérature, autrefois cachée sous le manteau des vierges pas si effarouchées que cela... ou des boutonneux priant la madone, en souhaitant que les émois suggérés par paragraphes interposés deviennent demain,  ou au plus vite, réalité. C'est-à-dire, de désagrafer, de relever les jupes, caresser les bas, et de découvrir les monts de Vénus, culbutant les préjugés, contrairement aux trois capitaines... Et pourtant...

Et pourtant pendant longtemps  Claude Seignolle à signer son livre par Sarcante. Question d'époque sans doute, de mœurs indubitablement. Certes, Claude Seignolle n'est pas Ovide, "l'Art d'aimer" n'est somme toute qu'un cours de drague alors que Seignolle est musicien de l'amour... 

Vous souvenez au Père Lachaise ? Vous vous souvenez aussi que Claude a volé un baiser à la petite-fille de George Sand, Aurore... Vous vous souvenez de ces  institutrices de Cracovie se recueillant sur la tombe de l'illustre Chopin ? Claude l'héritier du baiser de Chopin les embrassa toutes...

Il décrit cette scène en introduction de son livre "Le Berry des traditions et superstitions" : 

(...) Un jour, j'en étais là lorsqu'une dizaine de jeunes filles gaies et pépiantes s'approchèrent de la tombe, puis, soudain devenues graves firent silence. C'étaient des institutrices polonaises de Cracovie en visite à leur gloire nationale.

Je m'écartai, hésitant, mais ne sus résister. Je leur racontai par le détail mon état de dépositaire des baisers du grand pianiste, lumière de leur cœur.

Elles croyaient aux contes à ne pas y croire et saisirent tout de suite l'étonnante chance qui les mettaient en présence d'une occasion unique, à la fois tangible et irréelle. Elles se firent embrasser toutes et plusieurs reprises à ne plus savoir où je donnais des lèvres : front, joue, bouche... peu importa, ce fut l'explosion d'un même partage à la limite de l'orgie et du divin (...). Divin sera le mot de la fin.
 
Voir sur le même sujet  : Une main audacieuse de Liana K  
       
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